Développer l’autonomie des élèves en langue avec les robots conversationnels Mizou
Dans le cadre des TraAM 2024-2025, dont la thématique était cette année pour les lettres : « Travailler la langue avec le numérique : quels scenarios ? quels outils ? quels enjeux ? Les exerciseurs en étude de la langue », j’ai décidé d’interroger l’apport possible des robots conversationnels dans la mise en application des connaissances et compétences des élèves en langue ainsi que leur mémorisation. J’ai également envisagé la possibilité pour les élèves de gagner en autonomie au cours de cette phase de systématisation dans l’étude d’une notion de langue mais aussi pour l’enseignant, de mettre en oeuvre une différenciation efficace.
Cette expérimentation a concerné deux groupes de 5ème et deux classes de 3ème avec l’outil d’Intelligence Artificielle Génératrice de langage Mizou qui permet de programmer des chatbots, robots conversationnels, fonctionnant sur un LLM (Large Language Model) et entièrement paramétrable par l’enseignant.
Les séances d’utilisation des robots conversationnels se situaient dans l’étape de mise en application de la notion, après l’étape de recherche par corpus puis de construction de la leçon.
Si vous êtes tenté par l’utilisation de robots conversationnels dans vos pratiques, n’hésitez pas à découvrir le Tutoriel de Johan Nallet, très clair et très complet.
Enseignant : |
Marie Dumaine
Collège André Malraux de Pontarlier
Marie-Josephine.Dumaine@ac-besancon.fr |
Contexte, durée et classe : |
- Différents moments dans l’année en fonction de la question de langue abordée.
- Les temps de travail, d’échange avec le chatbot n’excèdent pas 30 minutes dans une séance.
- Expérimentation menée cette année en classe de 5ème et de 3ème mais qui peut être déployée sur tous les niveaux de collège et lycée en adaptant les objectifs et critères.
- Il est possible d’évaluer les échanges menés avec le chatbot de façon individualisée.
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Objectifs : |
– Approfondir et automatiser les connaissances en langue des élèves.
– Développer l’autonomie des élèves dans le temps de l’application et de la mémorisation d’une notion de langue.
– Utiliser l’Intelligence Artificielle au service de la différenciation en cours de français : créer des robots conversationnels entraînés à tester les élèves sur des points de langue préalablement étudiés en classe avec l’enseignante qui s’adaptent aux réussites et aux difficultés des élèves. |
Conditions matérielles : |
- En classe entière (3ème) ou en groupes (5ème).
- Expérimentation menée dans le Doubs sur des tablettes Ipad.
- Il est tout à fait possible de mener ce travail en salle informatique.
- Précautions d’utilisation spécifiques aux IA génératives :
- Connexion et équipements de l’établissement.
- Chatbots configurés par l’enseignante.
- Inscription de Mizou au registre RGPD en précisant la nature des activités proposées aux élèves.
- Utilisation de pseudos par les élèves pour le suivi des activités.
- Premières expérimentations avec la version gratuite de Mizou puis, dans la deuxième partie de l’année, achat de la version payante pour environ 15 euros par mois.
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Mise en œuvre : |
Pour une meilleure lisibilité de l’article, nous décrirons ci-dessous deux scenarios de mise en oeuvre : le premier en classe de 5ème et le second en classe de 3ème.
1. Types et formes de phrase en classe de 5ème
– Dans le cadre d’une séance sur les types et les formes de phrase en classe de 5ème, les élèves sont conduits par l’enseignante et en travail de groupes, à repérer, manipuler des phrases issues de deux corpus distincts : l’un sur les types de phrase et l’autre sur les formes.
– Après avoir opéré un classement selon les critères à repérer pour connaître ou le type ou la forme d’une phrase et la présentation de ces classements à la classe, l’ensemble des élèves construit le bilan à retenir sous forme de carte mentale.
– Pendant 30 minutes, les élèves se mettent ensuite à converser avec un chatbot Mizou paramétré au préalable par l’enseignante de la façon suivante :  
– On remarquera ici le « Fichier de connaissance » extrait de la terminologie grammaticale de 2020 et publiée sur Eduscol, qui est importé afin que le Chatbot extraie ses informations en priorité de ce document.
2. Phrase complexe par juxtaposition, coordination ou subordination en 3ème
– La première étape est de nouveau une étape de questionnement et de manipulation par corpus.
– La carte mentale synthèse est ensuite élaborée par les élèves.
– Voici le paramétrage du Chatbot par l’enseignante et sur lequel les élèves travaillent pendant 30 minutes, dans l’étape 3 : « Application ».
 
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Résultats : |
Voici, ci-dessous, quelques captures d’écran de l’interface enseignant dans laquelle on lit, en temps réel, les échanges entre l’élève et l’application.
1. Types et formes de phrase en 5ème
 
2. Phrase complexe en 3ème
  
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Bilan : |
Points positifs :
– Les élèves se sont montrés très impliqués dans la dernière phase de travail, l’ « Application », là où, bien souvent, ils décrochent après les deux premières étapes qui leur ont déjà demandé beaucoup de concentration. L’application permet de paramétrer le Chatbot de telle sorte qu’il ne se laisse pas entraîner vers des échanges sans rapport avec le sujet prévu.
– L’individualisation de chaque échange avec le chatbot est une grande plus-value : en effet, l’IA est capable de complexifier les exemples proposés ou de les simplifier en fonction des réussites de l’élève, s’adaptant au fur et à mesure de l’échange.
– L’interface enseignant permet de suivre les échanges des élèves en temps réel, évitant ainsi, les dispersions éventuelles et des problèmes de gestion de classe. Cette interface est très intuitive, permettant à la majorité de la prendre en main très rapidement. Chaque session lancée pour un chatbot permet de retrouver le travail de chaque élève sur la même page et de naviguer rapidement d’une discussion à l’autre.

– L’interface enseignant permet également une évaluation automatique par l’IA du travail de l’élève avec une note (sous forme de lettre) et un commentaire : elle nous a semblé très pertinente et développée au cours de nos expérimentations. En revanche, elle est en anglais.
– Les élèves peuvent également, avant d’envoyer définitivement leur échange pour évaluation ou simplement avant de terminer cet échange, auto évaluer leur maîtrise de la notion travaillée.
Points de vigilance :
– Les robots conversationnels Mizou font encore des erreurs en ce qui concerne les travaux sur la langue française. Ces erreurs, paradoxalement ont permis à l’enseignante de lancer des discussions riches et développées sur des problèmes posés par certaines phrases, développant peut-être alors encore davantage la capacité des élèves à réfléchir sur la langue mais aussi leurs compétences en matière de réflexivité sur leur propre travail et enfin, dans le cadre de l’Education aux Médias et à l’Information, cette activité permet de développer leur réflexion face aux nouveaux outils d’Intelligence Artificielle.

– Il est nécessaire d’avoir une très bonne connexion au sein de l’établissement pour permettre à tous les chatbots de tourner en même temps. |
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