Un poème de Claude ROY, Le temps, est étudié dans le cadre d’un groupement de textes poétiques sur le thème de la fuite du temps et de l’approche de la mort. Le but global de ce travail est de montrer que la poésie, et les poètes, trouvent des consolations, ou n’en trouvent pas, à cette peur, mais produisent de la littérature sur le sujet.
Après plusieurs séances traditionnelles sur les premiers poèmes, l’occasion est donnée (du fait d’un changement exceptionnel d’emploi du temps) d’utiliser une salle informatique pendant deux heures consécutives.
On travaille alors d’une manière totalement nouvelle, au moyen d’une carte heuristique qui contient une sorte de questionnaire de lecture, pendant une première séance, et on termine le travail le surlendemain, en salle banalisée. Une troisième séance est l’occasion d’un entraînement à l’oral EAF sur ce même texte.
Le descriptif qui suit est une tentative d’analyser les avantages et les inconvénients de cette méthode.
|
Enseignant : |
Bernard Maréchal
Professeur de Lettres Classiques
Lycée Jean Michel
39000 LONS LE SAUNIER |
Contexte, durée et classe : |
Contexte
- Objet d’étude : La Poésie.
- Lecture analytique d’un texte poétique de Claude ROY, et préparation méthodologique à l’épreuve de l’EAF, en trois séances consécutives.
Effectif
- Classe de 1° ES de 27 élèves, 23 élèves présents le premier jour, 26 élèves présents le second jour, 27 élèves présents le troisième jour.
|
Objectifs : |
Objectif
- Faire lire et comprendre un texte littéraire dans son rapport aux autres textes du groupement, faire préparer l’épreuve orale de l’EAF.
- Faire acquérir un certain nombre de compétences et d’outils de lecture d’un texte poétique, faire éliminer les réflexes inutiles ou improductifs qui mènent à des remarques inutilisables ou à des paraphrases.
- Le travail par petits groupes est une tentative de faire réfléchir avec pertinence les élèves pendant une première séance, quitte à ce que leurs réponses soient parfois incomplètes, ou erronées ; la mise en commun et la démarche inductive de la deuxième séance permettent de sélectionner, hiérarchiser, les informations, les relevés, les interprétations, et par conséquent de produire une lecture analytique beaucoup plus efficace que s’il fallait la construire en une seule séance.
- Les questions prévues demandent d’identifier le thème du poème, de relever des remarques sur la forme poétique, sur l’énonciation, le lexique, la grammaire, la rhétorique, de formuler le but du texte, ses effets, et de proposer des axes de lecture. L’ensemble de ces questions n’est pas destiné à recevoir obligatoirement des réponses exhaustives, ni systématiques. Il est demandé aux élèves de fournir des explications, s’ils le peuvent.
- Grosso modo, on tente une démarche inductive sans que le professeur ne cherche à recueillir le fruit de ses questions, celui-ci étant reporté au surlendemain. Les élèves peuvent demander de l’aide, mais elle reste ponctuelle, soit technique, soit littéraire.
|
Conditions matérielles : |
En salle informatique, avec le logiciel Freemind sur tous les postes. |
Mise en œuvre : première séance
|
Première séance : découverte du logiciel, puis activité en groupes
- Pour cette occasion, c’était une découverte du logiciel, il a donc fallu expliquer le projet et l’outil au moyen du vidéoprojecteur, pendant 15 minutes, puis laisser s’installer les élèves sur les ordinateurs. La première séance a donc duré 1 h 30 et non 1 h 50.
- Les élèves disposent du texte (format papier) qu’il s’agira d’étudier.
- Ce texte n’est pas lu à voix haute, les élèves s’immergent directement dans leur manière personnelle de lire et de comprendre un poème.
- L’énoncé du travail est numérisé sur l’espace collectif de travail, les élèves ouvrent une carte heuristique pré-remplie, qui contient le texte à expliquer et des questions, l’enregistrent immédiatement avec un nom de fichier personnalisé, et entreprennent de la compléter en ajoutant des branches si nécessaire. Ils ont le droit de modifier l’arborescence, d’ajouter des questions, travaillent par groupes de deux, ou individuellement s’ils le souhaitent.
- Claude-ROY_Le-temps
- Il n’y a presque aucune prise de notes sur papier pendant toute la séance.
- A l’issue de ce travail, toutes les cartes heuristiques produites sont collectées par le professeur, qui les met en ligne sur un espace pédagogique accessible par Internet ; il envoie à tous les élèves dotés d’une adresse électronique le lien permettant à chacun d’examiner l’ensemble des productions. Seules les erreurs orthographiques les plus graves, et/ou repérées, sont corrigées. Voici les treize cartes produites :
- Anne et Marie
- Ariane et Axelle
- Audrey
- Benjamin et Simon
- Clément et Marc
- Fanny et Chloé
- Flore et Faustine
- Gaétan et Julien
- Illya et Charles
- Jenna
- Julia et Leslie
- Margaux et Mourad
- Valentin
Cette activité du professeur nécessite environ une demi-heure de travail. Dans cette classe, 23 élèves sur 27 possèdent une adresse électronique, et les internes disposent d’ordinateurs. |
Mise en œuvre : deuxième séance
|
Deuxième séance : lecture méthodique collective
- Cours traditionnel, dans une salle non équipée d’informatique.
- Le professeur donne comme objectif de construire une réponse organisée aux questions traitées l’avant-veille, de manière à pouvoir proposer à l’oral de l’EAF une présentation du texte par son thème, une présentation de sa composition, de ses buts, des axes de lecture, et une exploitation organisée des remarques formelles ou de fond.
- Le texte est lu à voix haute, et le cours commence. Presque toute la classe a eu le temps de prendre connaissance des 13 cartes produites et mises en ligne.
- Les élèves travaillent de mémoire, et la participation est totalement inductive, le professeur note au tableau un plan simplifié de tout ce qui est dit, on insiste sur les points qui ont été moins bien compris, et surtout on analyse la pertinence (ou le manque de pertinence) de certaines remarques.
- Ainsi, toutes les remarques sur le décompte des syllabes, la forme strophique, la technique poétique, n’ont abouti à aucune analyse, ce qui montre que cette approche était moins justifiée sur ce texte ; au contraire, l’abondance et la justesse des remarques et des analyses portant sur les réseaux lexicaux, les procédés rhétoriques, amènent les élèves à formuler sans peine une interprétation juste du but de l’auteur, du rapport entre ce but et les moyens poétiques employés.
- La séance de 50 minutes permet donc de terminer la lecture analytique du texte, les élèves disposent d’une meilleure maîtrise des méthodes d’approche du commentaire de texte écrit, et de la méthodologie de l’oral.
- Les élèves qui n’ont pas participé à la première séance, et qui n’ont pas eu connaissance des cartes heuristiques de leurs camarades, participent de manière « naïve », comme s’ils découvraient l’exercice. Ils apportent parfois un regard neuf, et globalement ils suivent avec autant d’efficacité que les autres.
|
Mise en œuvre : troisième séance
|
Troisième séance : vérification des acquis et restitution orale
- Une carte heuristique au format imprimable *.pdf Claude-ROY_Le-temps est distribuée à tous les élèves, envoyée par courriel à ceux qui disposent d’une adresse électronique, imprimée pour les autres. Elle montre le questionnaire complet, sans aucune réponse, dans une disposition légèrement différente de la carte originale, sans le texte. Cette carte constituera un outil de révision en vue de l’épreuve orale de l’EAF.
- Une prestation orale de 10 minutes est demandée à un élève volontaire, on analyse sa méthode, on évalue le niveau de son travail, on prend en notes quelques conseils à destination de la classe entière.
|
Bilan : |
Bilan didactique et pédagogique
Aspects positifs : les différentes étapes
- Première séance.
D’un point de vue matériel et plus technique, pendant la séance en salle informatique, le copier-coller est très facile avec Freemind, la fermeture des branches temporairement inutiles laisse la réflexion plus libre, le choix de la saisie directe d’après le texte polycopié favorise les élèves rapides au clavier.
- Pédagogiquement, pendant cette première séance, la circulation du professeur dans la classe, son « intrusion » dans les problèmes de tel ou tel, sont vécues de manière plus agréable, cette modalité d’enseignement favorise aussi bien les demandes que l’autonomie.
- Le travail par groupes apporte une souplesse intéressante, le professeur circule dans la classe et examine l’avancement des travaux, la collaboration est plus efficace que lors d’une séance « magistrale » classique.
- Les élèves apprécient de pouvoir répondre aux questions dans l’ordre qu’ils préfèrent, ils apprécient également de ne pas répondre aux questions qui les embarrassent, ou d’ajouter des remarques longues.
- Mise en ligne sur Internet.
La mise en commun par Internet des différentes cartes est un atout qui motive les élèves avant et pendant la deuxième séance : ceux qui ont trouvé des réponses plus argumentées, plus précises, ou des réponses corroborées par une majorité d’analyses similaires, se sentent plus portés à participer, ce qui accélère le rythme.
- Deuxième séance.
La prise de notes est très réduite lors de la deuxième séance, les élèves ayant déjà beaucoup réfléchi sur le texte se contentent de surligner leur polycopié, ou de noter un plan, ou de noter les conseils méthodologiques.
- Le contenu didactique de cette lecture analytique est validé, les élèves ont compris comment on peut exploiter des éléments d’énonciation, de grammaire, de rhétorique, et surtout ils ont compris comment on peut dégager des axes de lecture assez vite, puis les justifier dans l’analyse plus approfondie de certaines caractéristiques du texte.
- Globalement.
L’alternance entre salle informatique et salle traditionnelle est un moyen pédagogique de montrer que le recours aux TICE n’est pas un jeu ponctuel, mais une activité qui s’insère dans un processus plus long et complexe.
Aspects sans plus-value décelable :
- D’un point de vue didactique, le résultat produit est tout à fait semblable à ce que donnerait un cours traditionnel, en deux heures, papier-crayon ou tableau-craie.
Aspects plutôt négatifs :
- La procédure dédoublée est un handicap pour ceux qui ont besoin d’un support plus prégnant pour bien comprendre ce qu’ils font : ils ne disposent pas de leur « prise de notes » puisqu’on n’est plus en salle informatique, et sont donc moins à l’aise. Cette faiblesse est compensée par la plus grande motivation de ceux qui se sont sentis à l’aise, mais il est à craindre que la répétition d’une telle pratique ne conduise des élèves à y être rétifs.
- La gestion de classe (facilitée par le petit nombre) n’empêche pas les petites dérives dues à l’éclatement, et certains groupes ne produisent presque rien, ou s’amusent avec le logiciel qu’ils viennent de découvrir.
- L’obligation de travailler de manière collaborative est parfois mal vécue par des élèves qui préfèreraient la tranquillité de la classe traditionnelle, sans participer.
En fin de compte :
Une première plus-value est incontestable : la participation globale de la classe s’est améliorée, par le simple fait que certains élèves ont trouvé une manière de formuler des réponses rapide, sans nécessité de faire des phrases, grâce à l’outil Freemind, et peuvent redire leurs réponses en les reformulant le surlendemain. Une autre plus-value : le texte s’y retrouve, il a été lu et compris avec plus de richesse que les précédents le jour de l’oral.
Remarques :
- Le texte de Claude ROY n’étant pas libre de droits, on ne peut le donner en fichier téléchargeable ; il reste néanmoins lisible sur les cartes heuristiques dépliées.
- Le résultat complet des recherches effectuées en salle informatique
|
Commentaires récents