L’Histoire des Arts étant devenue partie intégrante des programmes de Français,
voici le descriptif et l’analyse d’une sous-séquence effectuée en classe de Première S,
dans l’Objet d’Étude « Poésie »
Enseignant :
Bernard Maréchal
Professeur de Lettres Classiques
Lycée Jean Michel
39000 LONS LE SAUNIER
Contexte et classe :
Le contexte scolaire : Classe de 1ère S, 34 élèves, séquence Poésie.
Groupement de textes thématique et problématique, du Moyen-Âge au XXème siècle,
sur la thématique de la mort, en parallèle avec la lecture et l’étude des Fleurs du Mal,
de Baudelaire
Problématique générale conforme au programme officiel :
Comment l’écriture poétique sur la mort résulte-t-elle d’une volonté de donner du sens à la vie ?
Questions complémentaires :
Poésie et beauté ?
Laideur et beauté ?
Dérision utile ou inutile ?
Variations sur un thème : originalité ou imitation ?
L’influence de l’intime ou du personnel sur la création poétique ?
Etc.
Deux objectifs :
L’objectif pédagogique général
À l’occasion de l’étude d’un groupe de textes sur le thème de la mort, et dans une problématique visant à faire établir les raisons esthétiques, morales, littéraires, d’un tel thème, procéder à une petite série de lectures d’images en rapport avec le thème, afin d’enrichir les prestations orales de l’épreuve anticipée, et d’apporter un supplément culturel aux élèves.
L’objectif Lettres TICE
Faire participer les élèves de manière plus efficace, et collaborative, à une activité de recherche et de commentaire, en utilisant les ressources de l’Internet, les outils de communication et de mise en commun, et en les rendant responsables de la publication de leurs trouvailles.
Conditions matérielles et moyens mis à disposition :
Moyens utilisés
Des lieux et des moyens de collecte des travaux : cahier de textes numérique, espace classe de l’E.N.T., clés USB, messagerie.
Un lieu de dépôt des activités : site collaboratif sous la responsabilité de l’enseignant, permettant aux élèves le dépôt de commentaires, avec ou sans fichiers attachés, ou l’écriture d’articles.
Page contenant les corpus (corpus étendu, ou réduit pour l’EAF).
Groupement de textes thématique et problématique, du Moyen-Âge au XXème siècle, sur la thématique de la mort.
En parallèle avec la lecture et l’étude des Fleurs du Mal, de Baudelaire
Problématique générale conforme au programme officiel :
Comment l’écriture poétique sur la mort résulte-t-elle d’une volonté de donner du sens à la vie ? Questions complémentaires :
Poésie et beauté ?
Laideur et beauté ?
Dérision utile ou inutile ?
Variations sur un thème : originalité ou imitation ?
L’influence de l’intime ou du personnel sur la création poétique ?
Etc.
La liste de ceux qui figureront sur le descriptif final est moins étendue.
La ballade des pendus, de François Villon. Souvenir de la nuit du 4, de Victor Hugo. Le verger du roi Louis, de Théodore de Banville. Avenir, de Charles Cros. Les morts des îles Lofoten, d’Oscar Vladislas de Lubicz Milosz. Notre vie, de Paul Éluard.
« Je mourrai d’un cancer de la colonne vertébrale », de Boris Vian. Cet aujourd’hui, de Pierre Albert-Birot.
Les activités à prévoir
Les résumés d’explications de texte, les propositions d’axes de lecture, les illustrations artistiques, les éléments biographiques indispensables, etc. seront déposés ici sous les formes habituelles. Les cartes heuristiques seront l’un de ces moyens … Voir plus haut.
Page destinée à la sous-séquence HDA.
Le macabre dans les arts
Arts graphiques, arts du son, arts profanes ou religieux, littérature : le thème de la mort sera étudié ici pour développer les lectures analytiques et cursives du groupement de textes.
De la pendaison de Judas sculptée sur un chapiteau d’église, aux dessins faits par Zoran Music au camp d’extermination de Dachau, puis repris dans une œuvre à fonction mémorielle beaucoup plus tard, les descriptions des potences, gibets, et autres instruments de la peine de mort sont très nombreuses dans les arts.
Le peintre Pisanello, dans une fresque de grande taille de l’église Sant’ Anastasia à Vérone, montre, dans un coin du tableau, un gibet.
Billie Holiday chante Strange Fruit pour évoquer les crimes racistes aux USA, Breughel peint une pie sur un gibet, Cézanne peint La maison du pendu, Saint-Saëns compose la Danse macabre sur un poème d’Henri Cazalis.
On peut aussi l’entendre dans un arrangement très dansant de Kevin MacLeod, en haut de cette même page de Wikipédia.
Un artiste graphique inconnu en a fait une animation musicale raccourcie.
Travail de commentaire
Rechercher des informations sur les illustrations proposées dans le fichier joint, et augmenter son contenu en trouvant des pages Internet qui développent telle ou telle œuvre.
Analyser les points communs et différences entre ces diverses représentations de la mort : quels en sont les buts esthétiques, moraux, religieux, idéologiques ? quels en sont les effets sur les destinataires ? pourquoi le peintre, le dessinateur, a-t-il choisi ce thème ? pourquoi l’éditeur a-t-il choisi ce motif pour illustrer une œuvre littéraire ?
Analyser le rapport qu’ils entretiennent avec la représentation littéraire du même thème.
Rechercher d’autres documents iconographiques, en les identifiant précisément (auteur, date, pays, lieu d’exposition, etc.), et les commenter brièvement.
Procédures possibles
Commentaire de forum, avec ou sans fichier joint
Article autonome
Carte heuristique
Fichier son
Fichier image, création d’une affiche photographiée ensuite ou scannée
Vidéo
Invention d’un sujet et d’un plan de dissertation sur le thème
Etc.
Rappel
La page de Michel Tichit, sur le thème du gibet N.B. : d’autres formes seraient tout aussi efficaces : le blog, l’espace classe de l’E.N.T. s’il est accessible de l’extérieur.
Une heure hebdomadaire en salle multimédia, avec Internet, vidéoprojecteur et sonorisation.
Des outils TICE basiques : traitements de texte, cartes heuristiques, traitement sommaire d’image, messagerie.
La possibilité, ou l’obligation, d’avoir à faire des recherches à domicile, ou en étude, ou au CDI, de temps à autre : devoirs ou préparations écrites.
Mise en œuvre :
Déroulement de l’activité (durée : 4 heures de cours, un peu de travail à la maison)
Après la lecture analytique de trois textes du GT (Villon, Hugo et Banville), dépôt (sur le cahier de textes et sur le site collaboratif) par l’enseignant d’un fichier texte contenant une liste d’œuvres qui ont traité le thème de la pendaison, pour continuer le travail achevé sur les deux Ballades des pendus de Villon et Banville, et d’une petite série de consignes de travail.
Première phase :
Travail personnel, à domicile : rechercher des informations « Histoire des arts » sur les œuvres et auteurs proposés.
Possibilité de déposer les réponses sous forme de commentaires (avec modération a priori) sur le site collaboratif.
Possibilité d’utiliser divers outils : fichiers texte, tableaux de classement, liens justifiés et brièvement commentés vers des pages Internet vérifiées, sitographies, montage d’images, cartes heuristiques (découvertes lors d’un travail antérieur), fichiers son.
Deuxième phase :
Travail en classe, dans une salle équipée d’un vidéoprojecteur, pendant une heure.
Affichage des images choisies par l’enseignant, commentaires oraux, comparaison avec les réponses déjà proposées, addition par un élève au clavier de commentaires dans un fichier texte ou directement sur site (commentaire à valider plus tard), et prise de notes en même temps.
Troisième phase :
Travail à domicile, préparation de petites analyses d’une ou deux images, réparties par groupes d’élèves, puis en classe au cours suivant, dans une salle équipée d’un vidéoprojecteur, pendant deux heures.
Possibilité de continuer le dépôt sur site, ou d’envoyer les réponses à l’enseignant par messagerie.
Pendant le cours : établissement des liens esthétiques entre les textes étudiés et leurs représentations sous d’autres formes artistiques.
Écoute de la chanson de Billie Holiday et affichage simultané du texte bilingue, écoute d’une partie de la Danse macabre de Saint-Saëns, analyse des effets esthétiques recherchés, comparaison avec les procédés littéraires repérés dans les poèmes : les images, les rythmes.
Idem pour les représentations graphiques : la statuaire religieuse montrant la pendaison de Judas et sa signification symbolique, un dessin du peintre Zoran Music dans le camp de Dachau, le dessin de Hugo représentant un pendu.
Analyse des liens entre les textes d’un recueil et le choix de l’éditeur de les accompagner d’une illustration (Villon).
Analyse du cas particulier de la peinture décalée de son contexte littéraire, le gibet de Montfaucon comme illustration du fantastique d’une étude de Faust dans un collège parisien.
Réflexions sur la permanence du thème, et les changements de signification qu’il prend au fil du temps : valeur chrétienne de la culpabilité et du remords, description des misères du temps et des réalités contemporaines, manifestation d’émotions ou de pulsions suicidaires, volonté de renouveler un thème ancien, etc.
Quatrième phase :
Travail en salle informatique, pendant une heure.
Les élèves finalisent les réflexions du cours précédent, par groupes de deux, et produisent leurs conclusions de manière fractionnée, puis enregistrent leurs travaux :
– commentaires sur les valeurs esthétiques et les intentions possibles des diverses œuvres picturales ou sculpturales,
– commentaires sur les poèmes de Villon et Banville,
– élargissements demandés par le professeur sur les poèmes de Baudelaire Un Voyage à Cythère et Rimbaud Le Bal des pendus : présentation et analyse simplifiée, lien possible avec Villon,
– élargissement proposé par un groupe d’élèves, recherche de quelques images, montrant la place du thème de la mort dans différents arts, incluant les arts de la mode vestimentaire et de la mode culinaire.
L’ensemble de ces petites productions est fait sous la forme de fichiers avec texte et image, enregistré dans un espace commun, puis annexé au site collaboratif par le professeur.
Il arrive que deux groupes travaillent parallèlement sur un même thème : liberté leur est donnée de communiquer ou non entre eux, et de toute façon l’ensemble des documents, avec leurs différences et leur incomplétude, est mis à disposition de tous.
Cette phase nécessite une continuation à domicile : achever ce qui n’a pas été fait en classe, synthétiser les réponses fractionnées, et déposer tout cela sur le site collaboratif.
Quelques jours de délai sont donnés aux élèves pour achever leur activité, puis les commentaires sont fermés par l’enseignant.
Les productions qui nécessitent une reprise technique avant d’être publiées (images qui doivent être insérées dans un portfolio), sont confiées à l’enseignant.
Lien avec la séquence entière :
Cette activité vient comme une parenthèse dans un cours de français qui utilise régulièrement les mêmes outils décrits ci-dessus : tous les textes sont mis à disposition des élèves sur site collaboratif, des commentaires, explications, dossiers documentaires, sont fabriqués par la classe, et l’heure hebdomadaire en salle multimédia fait partie de l’emploi du temps des élèves.
La lecture d’images a déjà été pratiquée lors de la séquence Théâtre : 35 images d’affiches présentant le spectacle Huis clos ont été collectées par l’enseignant, mises à disposition des élèves, et leur analyse individuelle programmée en tant que préparation écrite, puis finalisée en salle multimédia.
À cette occasion, certains élèves ont cherché et trouvé d’autres images, ajouté des commentaires sur la signification que pouvait apporter chaque affiche quant à la mise en scène, donc quant à l’orientation idéologique que peut prendre une pièce de théâtre au gré des metteurs en scène, décorateurs, éclairagistes, etc.
Fin de la séquence : travail décalé et élargissement :
Une synthèse globale est envisagée, pour résumer (en vue de l’oral de l’EAF et les entretiens avec les examinateurs) les différentes valeurs esthétiques rencontrées, pour faire des équivalences entre les procédés graphiques ou musicaux, et les moyens spécifiques à la poésie : rythme, sonorités, images.
Ce travail prend d’abord la forme d’une question sur corpus (textes ET image).
La section des Fleurs du Mal étudiée ensuite (Le Vin) est l’occasion de rappeler certaines constantes déjà rencontrées : le spleen, le goût du néant. D’autres corpus sont alors demandés aux élèves, sous une forme plus cadrée : corpus mixtes (texte/image/son) avec nécessité de situer de chaque élément dans l’histoire des arts.
Ce travail est donné sur une période longue (entre trois à quatre semaines, à la maison).
La contextualisation historique et esthétique rapide de chaque support est un enrichissement culturel exploitable pour l’entretien oral de l’EAF, et les élèves produisent un bref paragraphe explicatif rendant compte de la problématique à l’œuvre dans le corpus.
La production de la classe est inégale, mais intéressante. Il apparaît que c’est la part HDA qui est la plus difficile à intégrer, et les paragraphes argumentatifs produits sont souvent plus proches du commentaire littéraire ou historique, que de la présentation HDA. Quelques productions ont tout de même été proposées et sont intégrées à l’article.
Résultats :
Bilan de l’activité
Ce travail ne vient pas comme une rupture dans la lecture des poèmes, mais apporte un complément indispensable pour la lecture des textes suivants : même si aucun ne prend le thème du gibet, l’approche émotionnelle ou sarcastique, ou souriante, de la mort à venir, est à son tour illustrée par des élèves volontaires : images, biographies des poètes, liens vers des pages expliquant les textes.
Ainsi, l’éducation aux médias, l’apprentissage du respect des sources, l’intérêt de répartir le travail par groupes d’élèves, deviennent une sorte de seconde nature dans la classe.
Certains élèves, plus indépendants, ou manifestant des initiatives ou un goût plus prononcé, proposent d’eux-mêmes de petites pistes de commentaires.
Certains élèves, par eux-mêmes, dans un souci d’enrichir leur travail, cherchent des illustrations supplémentaires, ou des liens vers des pages Internet de documentation.
Le dossier initial proposé à la classe se trouve donc augmenté de dix-huit documents nouveaux, la lecture et la compréhension des textes s’en trouve très enrichie.
L’aspect disparate des productions n’entache en rien la qualité globale : les élèves se connaissent, et d’un point de vue pédagogique, apprécient la confiance qui leur est faite, hésitent moins à participer de cette manière lors même que certains s’expriment peu à l’oral, et ils savent exploiter les approches différentes de la leur propre.
Bilan :
Plus-value multiple
Pédagogie
la classe reste solidaire, et entre dans le « jeu » de l’enseignant ;
l’étude (et/ou la lecture) conjointe de textes et d’œuvres graphiques ou sonores entraîne une meilleure qualité d’attention, et apprend à faire des rapprochements ;
l’ouverture sur les arts s’appuie sur l’observation documentée de reproductions d’assez bonne qualité ;
Didactique
l’apport didactique est collaboratif, et évite l’écueil du déversement magistral de notions abstraites ;
le niveau de compréhension d’un corpus de textes se trouve amélioré par la diversité visible des approches et des solutions : meilleure maîtrise de l’exercice de l’entretien à l’oral de l’EAF, méthodologie fractionnée du commentaire de texte littéraire ;
la prise de conscience qu’un même thème traverse les époques mais produit des œuvres variées est un début de réflexion sur l’aspect diachronique des mouvements littéraires ou artistiques, sur les genres, les courants, les réinterprétations, les influences diverses ;
les élèves écrivent pour un public et non pour eux-mêmes ;
la méthodologie de la lecture d’images est réactivée ;
TICE
les compétences TICE des élèves en matière de recherches croisées sur Internet, de rédaction, sont valorisées sans pour autant prendre le pas sur les capacités de lecture des textes ;
la compréhension concrète des bons usages d’Internet devient peu à peu naturelle.
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