Proposer une édition de Matin Brun

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Enseignant :
Juliette Sorlin
Collège Diderot, 25000 Besançon
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Contexte, durée et classe :

Une classe de 3e – 24 élèves

Deux semaines – 6/7 heures

Dans le cadre du questionnement : « Vivre en société, participer à la société – Dénoncer les travers de la société. »

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Objectifs :

  • Compétences du socle – Domaine 2 :
    Utiliser les outils numériques de communication et d’information, en respectant les règles, pour mieux apprendre
  • Compétences du socle – Domaine 5 :
    S’approprier, de façon directe ou indirecte, des œuvres littéraires et artistiques appartenant au patrimoine national et mondial comme à la création contemporaine

En exploitant les ressources de la typographie numérique, créer une édition créative et artistique de Matin Brun.

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Conditions matérielles :

24 tablettes avec application de traitement de textes.
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Mise en œuvre :

  • Dans le cadre d’une séquence qui vise à travailler le questionnement « Vivre en société, participer à la société – Dénoncer les travers de la société. », il a été proposé aux élèves de travailler sur la nouvelle de F. Pavloff, Matin Brun. La nouvelle est proposée aux élèves, dans un premier temps, sans la chute – qui dévoile l’arrivée de la milice chez le narrateur. La découverte se fait par l’écoute de l’interprétation qu’en proposent Jacques Bonnaffé et Denis Podalydès et par la lecture du texte. Les échanges amènent à comprendre la portée universelle de la nouvelle qui vise à dénoncer les “petites compromissions”, selon les mots de F. Pavloff. 

Les élèves sont ensuite invités à imaginer la suite du texte qui sera lue à l’oral.

  • À partir d’extraits du texte, un point de langue est étudié : la voix passive, qui met en évidence l’attitude des deux personnages. Sont également mis en évidence des conditionnels passés qui expriment l’irréel du passé et les regrets des personnages de ne pas avoir réagi plus tôt aux “injonctions brunes”.
  • Une séance de deux heures, avec tablette et logiciel de traitement de texte est ensuite prévue. Un travail préalable a été mené, en amont, avec le professeur d’arts-plastiques sur la typographie et son utilisation artistique.
    La consigne donnée aux élèves est donc de proposer une appropriation créative et artistique du texte de Franck Pavloff en jouant sur la mise en espace du texte ainsi que sur la typographie. Un texte de justification des choix opérés est également demandé aux élèves. Il s’agit bien de travailler sur l’appropriation du sens du texte et de proposer un éclairage personnel.

Le travail des élèves est imprimé et remis à chacun. Chaque élève offre sa proposition d’édition à la lecture d’un autre élève. Un partage des expériences de lecture à partir d’une mise en page différente est alors engagé.

  • La dernière séance s’attache à la lecture d’images à partir de la première de couverture de la première édition de Matin Brun par les éditions Cheyne, 1998, de l’illustration d’Enki Bilal pour la pochette du livre CD de Matin Brun et enfin de la première de couverture de Matin Brun, réédité avec des dessins de l’artiste C215, en octobre 2014 par les éditions Albin Michel. Il s’agit ainsi de comprendre l’histoire éditoriale de ce texte.
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Résultats :

Le travail d’appropriation créative a été mené sur une séance de deux heures. Comme pour chaque exercice, les résultats sont hétérogènes. Certains élèves ont pris la mesure de toutes les transformations à la fois typographiques et de disposition sur la page pour proposer leur propre lecture de la nouvelle. Pour ces élèves, la séance de deux heures a été trop courte et ne leur pas permis de terminer le travail sur l’ensemble du texte. Matin brun S & V
Certains autres, plus petits lecteurs, ont seulement travaillé sur les mots bruns, chats et chiens. Matin brun M & AUne grande partie de la classe a apprécié cette séance parce qu’ils se sont sentis libres de “changer le texte”, une forme de désacralisation.
D’autres élèves ont trouvé l’exercice “trop compliqué” dans le sens où il fallait trouver “l’idée” pour aménager le texte.À la fin de la séance, les élèves ont également rendu un texte expliquant les choix de mise en page. On se rend ainsi compte que les justifications des modifications typographiques apportées ne sont pas toujours pertinentes, il s’agit souvent de constat : “nous avons centré ce paragraphe”. D’autres proposent : “nous avons décidé de prendre tous les mots bruns et de les agrandir en gras et de les changer de couleur en brun avec une police faisant penser au sang qui coule.”
Un autre groupe d’élève justifie ainsi sa mise en page : “nous avons eu l’idée de mettre beaucoup de blancs car, dans cette histoire parlant d’un régime totalitaire, les gens ne peuvent plus donner leurs avis, leurs sentiments. Donc, il y a beaucoup d’espace et de vide pour montrer qu’il y a du vide dans l’expression de leurs pensées.”  Matin brun – L&R

 

calculator Bilan : Le travail créatif autour de la typographie a été très facile à mettre en place. Un simple logiciel, ici une application pour tablette Pages, suffit. Il faut donner au préalable, aux élèves, le texte original. Après le travail en arts-pratiques, les consignes ont été rapidement comprises par les élèves : jouer avec la typographie pour proposer une lecture particulière de Matin Brun. Les élèves pouvaient donc modifier la taille des mots, des lettres, la police, la couleur et bien sûr la disposition sur la page et l’importance des blancs.

Les élèves ont rapidement demandé s’ils avaient le droit d’utiliser des émoticônes. Cette possibilité n’avait pas été envisagée. Les élèves ont été libres d’en insérer, toujours avec la préoccupation du sens donné au texte. Lors de la mise en commun à la fin de la séance, les élèves ont expliqué leurs choix.  Par exemple, un groupe d’élèves a choisi d’ajouter les émoticônes après le mot, comme une illustration, un signe redondant. Ils ont en effet placé un panneau de sens interdit à côté du verbe interdir. Matin Brun S & I
À l’oral, ils ont justifié ce choix en expliquant qu’il leur semblait que c’était une aide à la lecture, que cela pouvait aider ceux qui lisent difficilement le français et qu’enfin la lecture en était plus agréable. Interrogée, la classe suit majoritairement les justifications de ce groupe d’élève.
D’autres ont remplacé les mots chiens et chats par les émoticônes correspondantes.

Le travail est très intéressant pour réfléchir, avec les élèves, aux intentions de sens. Si l’on change la typographie et la mise en page, il en résulte des effets de sens qu’il s’agit de justifier. Mettre des couleurs et changer la typographie et la place des mots sur la page peut être signifiant, sans seulement “faire beau” comme l’expliquent plusieurs groupes. Placés en situation de faire des choix pour donner du sens au texte, les élèves expérimentent ainsi l’amplitude du travail de l’artiste écrivain, par un autre procédé que celui de l’écriture même.

 

 

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